L'industrie face aux restrictions d'eau : de la sobriété hydrique à l'usine « sèche »

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Des mesures de restriction en eau face aux périodes de sécheresse en France

Après une année 2022 marquée par de grandes périodes de sécheresse et un hiver apportant une faible recharge des nappes phréatiques, de nombreuses mesures ont été mises en place en ce début d'année 2023, pour faire face à un assèchement très précoce des cours d'eau et des nappes dans certains départements français. L'objectif ? Anticiper au maximum pour faire face à des niveaux de sécheresse importants à venir. Même si les précipitations ont été satisfaisantes en mars 2023, 75% des nappes phréatiques restent sous-alimentées et certains départements sont plus touchés que d'autres.

Afin d'assurer la planification des mesures de limitation et de restriction des usages en eau, un plan d'actions a été lancé par le gouvernement pour permettre une gestion résiliente et concertée de l'eau. Ce “plan eau” organise la sobriété des usages de l'eau selon 53 mesures qui permettront à terme une réduction de 10% des quantités d'eau prélevées.

Les volumes sollicités directement par les industriels représentent 2,7 milliards de m3 d'eau douce par an. À l'échelle nationale, tous consommateurs confondus, ces volumes restent une part modeste mais peuvent représenter des enjeux majeurs à l'échelle locale selon l'état de la ressource et le tissu industriel de la zone.

À l'heure actuelle, des actions sont déjà entreprises vis-à-vis de limitations et de restrictions des différents usages de l'eau. Elles sont notamment encadrées par les arrêtés cadres sécheresse (échelle départementale et interdépartementale). Ils sont basés sur le franchissement de seuils de déclenchements fixés préalablement et suivis à partir de mesures sur le milieu pour des zones d'alerte définies (eau superficielle et/ou eau souterraine).

Les industriels confrontés aux mesures de restriction d'eau

Dans ce contexte, les industriels et notamment les installations classées ICPE sont soumis à ces mesures de limitation ou de suspension provisoire des usages de l'eau dès l'atteinte du premier niveau de seuil d'intensité de la sécheresse.

Ces seuils entraînent des adaptations dans les usages de l'eau selon quatre niveaux d'alerte dont les restrictions associées sont adaptées au niveau de prélèvement de l'industriel. Par exemple, à l'échelle des industriels prélevant plus de 1000 m3/an dans le milieu ou 7000 m3/an au total (milieu et réseau eau potable), ils s'appliquent comme suit :

  • Vigilance – sensibilisation du personnel aux règles de bon usage d'économie d'eau;
  • Alerte – réduction de la consommation d'eau de 25%;
  • Alerte renforcée – réduction de la consommation d'eau de 50%;
  • Crise - seuls les usages prioritaires sont maintenus (ceux liés à la santé, à la salubrité, à la sécurité civile, à l'alimentation en eau potable et à l'abreuvement des animaux).

Un projet d'arrêté relatif aux mesures de restriction, en période de sécheresse, appliqué aux installations classées pour la protection de l'environnement est en cours de préparation, il encadre les mesures de restriction de prélèvement d'eau pour les plus gros industriels (prélèvement supérieur à 10 000 m3/an).

Utilisée à la fois dans le processus de fabrication mais aussi pour le nettoyage des installations ou en tant que système de refroidissement, l'eau est essentielle pour les industriels qui en consomment quotidiennement. Elle est même vitale pour ces entreprises, qui, sans eau, se verraient dans l'obligation de suspendre leur activité.

Les équipes de Naldeo proposent une méthodologie intégrée d'accompagnement au changement pour sensibiliser et impliquer toutes les parties prenantes et les employés dans cette démarche basée sur 3 étapes clés :

  • La sobriété, c'est-à-dire consommer moins;
  • L'efficacité, c'est-à-dire consommer mieux;
  • Et la réutilisation d'eau non conventionnelle (ex: eaux traitées) comme étape ultime.

La sobriété hydrique appliquée aux industriels

Les industriels ont tout intérêt à intégrer une gestion maîtrisée de l'eau au sein de leurs processus de fabrication, alors qu'ils avaient pris l'habitude de considérer l'eau comme une ressource illimitée.

L'analyse de la sobriété hydrique passe par plusieurs étapes qui vont permettre de déterminer comment et combien l'industriel prélève/consomme d'eau pour pouvoir par la suite piloter cette consommation selon le contexte hydrique.

La première étape est de faire un état des lieux en réalisant :

  • Un bilan de l'état de la ressource en eau;
  • Un audit de consommation : monitoring des installations, comptages, cartographies des consommations et éventuellement des rejets. Le diagnostic détermine une empreinte eau du site et permet d'identifier les principaux postes consommateurs : ils sont en général le nettoyage en place (NEP), les circuits de refroidissement et la logistique (lavage du sol, des équipements…);
  • Une matrice hydrique afin de recenser toutes les conditions d'utilisation de la ressource.

Cette première analyse permet d'identifier les plus gros postes de consommation et donc les leviers d'économie les plus faciles (quick wins).

Sur ces bases, une élaboration de scénarios de travaux est réalisée. Chaque scénario indique les économies d'eau, le programme de travaux et les investissements nécessaires pour la mise en place d'un plan de comptage et d'un suivi de la consommation d'eau en temps réel, et détecter les dérives pour pouvoir intervenir immédiatement.

Naldeo a d'ailleurs développé une offre digitale clé en main ( Naldeo Industrial Metrics) de suivi de la performance industrielle, énergétique et environnementale des utilités et process de production, destinée aux industriels de tous secteurs, des TPE aux grands groupes.

De la sobriété à l'efficacité hydrique

Au-delà de la sobriété hydrique, l'efficacité hydrique va plus loin. Celle-ci consiste à analyser plus en détail l'utilisation de l'eau notamment au niveau des pratiques industrielles

L'efficacité hydrique s'appuie sur les leviers suivants :

  • Un bilan des pratiques industrielles
    Cette analyse s'appuie sur les Meilleures Techniques Disponibles (Documents BREF et conclusions MTD | AIDA (ineris.fr)).
  • Une analyse de l'ordonnancement de la production
    L'ordre dans lequel les produits de nature différente sont fabriqués impacte les phases de lavage, vidange et nettoyage. Pour chaque ligne de production, il s'agit d'étudier la programmation de production et de rechercher les optimisations possibles.
  • L'identification des circuits de réutilisation ou de recyclage interne des flux d'eau existants et possibles.

Grâce à ces différents diagnostics, des pistes de meilleure gestion de l'eau sont travaillées. Les principales actions se concentrent généralement sur les processus de lavage (sol, cuves, …) et les nettoyages en place (amélioration des cycles de lavage) mais d'autres travaux et aménagements peuvent être prévus, estimés, avec divers scénarios de réduction des consommations. Les solutions sont prévues en majorité sur la globalité de l'année même si certaines peuvent être plus spécifiques aux périodes estivales par exemple.

De l'efficacité hydrique à l'usine sèche

Dans ce contexte, certains industriels commencent à envisager la solution appelée usine sèche : un nouveau modèle d'industriel créé dans le but de ne plus dépendre de l'eau pour le bon fonctionnement de son activité. Ce modèle est certes intéressant et des projets sont en cours mais il n'est pas applicable pour tous les types d'industries, notamment les plus consommatrices d'eau.

Les pistes pour la mise en œuvre de telles unités sont de plusieurs ordres : recours à des eaux non conventionnelles, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT), stockage et traitement d'eau pluviale, … Il s'agit de recycler ou réutiliser une eau parfois souillée grâce à la mise en place d'un traitement adapté.

L'ensemble de ces pistes doit faire l'objet d'une étude de faisabilité afin de déterminer les aménagements nécessaires pour répondre aux exigences de qualité d'eau traitée requises. En savoir plus sur le traitement des eaux industrielles & la réutilisation des eaux usées traitées.

Naldeo accompagne les industries à toutes les étapes de la réalisation de leurs projets de sobriété hydrique : de l'état des lieux à la mise en place concrète des actions pour réduire les consommations y compris l'étude pour la mise en place de technologies innovantes de REUT.

L'eau devenant une ressource limitée, le monde de l'industrie se doit de réagir. D'autant plus dans un contexte de réindustrialisation poussée en France : le nombre d'industries est amené à croître, tout comme leur besoin en eau. Des solutions de réduction de consommation de cette ressource existent et Naldeo accompagne les entreprises pour les mettre en place le plus rapidement et efficacement possible.

Si vous souhaitez être accompagné dans un projet de sobriété ou efficacité énergétique, contactez nos équipes !